Je me dis que je suis un Bouddha
« J'ai eu ma première séance de chimio la semaine dernière. Ce matin j'ai fait raser mes cheveux, je les ai recueilli et je les ai dispersés dans mon jardin.
J'avais imaginé la veille que les oiseaux pourraient les récupérer afin de tapisser leurs nids, améliorer leur confort. Et cet après midi, j'ai vu des mésanges, des fauvettes voleter autour de l'arbre où j'avais déposé ce trésor. La vision de leur perte quelques semaines avant m'avait dévastée, j'avais longtemps pleuré sur la petite fille si fière de ses cheveux d'or.
Aujourd'hui je suis apaisée, en voyant leur manège. Je ne sais comment l'information s'est propagée, mais ils sont nombreux, les oiseaux de mon village, à avoir besoin de mes cheveux.
Ce sera bon pour eux, ils dormiront cet hiver dans des cheveux de soie! C'est beau de les voir faire à la fois empressés et consciencieux.
J'aurais voulu en déposer, une poignée dans le jardin de mon ami de cœur., pour lui laisser le souvenir de celle que je fus. Pour me rassurer, pour me consoler je me dis que je suis un Bouddha de lumière et de grâce ! Et j'ai le sentiment que cela me donne une fraîcheur nouvelle dans l'allure , une innocence dans le regard, un air dégagé face aux passants. Car je suis sorti, j'ai osé affronter mes semblables, les autres, tous ceux qui sont si loin de mon angoisse et de mon désespoir. Les grands événements de mon existence, me paraissent mineurs, relatifs, pour ne pas dire secondaires.
En coupant mes cheveux, j'ai l'impression de faire table "rase" du passé. Des idées nouvelles, toutes neuves me semblent en attente, vont se mettre à germer sous ce nouveau "look"! Demain lundi c'est la deuxième chimio. Il me semble que je serais plus sereine et pleine de mon amour pour celui que j'aime. Les sentiments forts me vont bien et je ne manque pas d'énergie pour en produire ! J'ai envie de vous dire, que mon corps est formidable. Il accompagne ma chimio avec beaucoup de courage.
Vous dire aussi à vous qui avez souvent dynamiser mes pensées, que le sentiment de vie est très puissant en moi, je me sens protégée, abritée par l'amour que j'ai développé (difficilement envers ma personne) depuis quelques années. Ah oui, j'allais oublier. J'ai besoin de silence. J'ai demandé à mes amis, d'arrêter de m'appeler au téléphone, de ne pas m'écrire, d'éviter de s'inquiéter pour moi. J'ai besoin d'aller à la rencontre de moi-même seule ».
Lettre adressée à Jacques Salomé, recueillie sur son blog http://admin.blogs.psychologies.com/jacques_salome
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